Visite hantée de La Nouvelle-Orléans

Cimetière Lafayette n° 1

Cimetière Lafayette n° 1


Photo ci-dessus : Cimetière Lafayette n° 1

Article par Anne Roderique-Jones; photos par Nathan Jones

Anne est une rédactrice pigiste qui écrit sur les voyages, la gastronomie et les styles de vie. Elle travaille à partir de La Nouvelle-Orléans.

Un écrivain bondit dans une voiture pour découvrir pourquoi La Nouvelle-Orléans est connue comme la « Ville des morts ».

Je suis une nouvelle résidente de La Nouvelle-Orléans selon les normes locales. J’habite dans la ville avec mon mari depuis seulement trois ans maintenant, bien que je la visitais régulièrement pendant mon enfance. Nous avons acheté notre maison sans l’avoir vue, et malgré le fait que cela puisse sembler étrange, tout a bien fonctionné. Nous disposons de beaucoup d’espace, d’une véranda exposée au vent et de voisins incroyables.

Mais il y a une possibilité que notre maison abrite des fantômes. Lors des visites de quartiers pour trouver une maison, il n’est pas rare de trouver des panneaux de vente qui indiquent « Non hantée ».

Ici, même les résidents de La Nouvelle-Orléans les plus raisonnables semblent croire aux fantômes et vous raconteront une histoire quelconque à propos d’un esprit qui hante leur maison. L’un de mes voisins prétend qu’un petit garçon s’assoit dans sa chaise berçante dans le coin du salon; un autre couple raconte que les assiettes s’envolent de manière aléatoire des étagères pour aller se fracasser en mille morceaux. Notre chien refuse d’entrer dans la chambre arrière et, naturellement, tout le monde soupçonne que c’est parce qu’elle est hantée. Il semble que cette ville soit obsédée par les fantômes. C’est logique étant donné qu’elle porte le surnom de « Ville des morts ».

Tout ce brouhaha pourrait être dû au fait que nous habitons à quelques pas d’un des cimetières les plus célèbres au monde, le cimetière Lafayette n° 1. Il est populaire auprès des touristes, car il se trouve dans le quartier de Garden District, en face du célèbre restaurant Commander’s Palace, et en plein centre-ville. Regorgeant de milliers de victimes de la fièvre jaune, le cimetière a captivé l’attention des personnes à la recherche de phénomènes paranormaux, notamment l’auteur local Anne Rice, qui a fait du cimetière un sujet dans ses livres. Elle y a même organisé des funérailles fictives dans le cadre d’une séance de signature de livres, où elle reposait dans un cercueil ouvert transporté par des porteurs.

Vous aurez besoin d’une voiture pour vous rendre à certains des sites les plus hantés. Je monte à bord de la voiture avec Robert Florence, auteur du livre « New Orleans Cemeteries: Life in the Cities of the Dead. » (Les cimetières de La Nouvelle-Orléans: la vie dans les Villes des morts). Nous nous dirigeons d’abord vers le cimetière St. Louis n° 3, où des tombeaux avaient été construits sur ce qui était autrefois une colonie de lépreux. Bien que les gens prétendent voir des orbes de lumière et des apparitions de fantômes, le terrain du cimetière est d’une beauté envoûtante avec ses trois types de tombeaux hors-sol : une voûte murale, des tombeaux familiaux et des tombeaux réservés aux membres des organisations sociales, comme les pompiers volontaires. Florence m’explique qu’il est nécessaire d’être enterré au-dessus du sol à La Nouvelle-Orléans parce que la nappe phréatique est tellement haute. « Les gens ont opté pour une nouvelle façon d’enterrer les morts après avoir vu leurs amis et les membres de leur famille flotter devant leur porte d’entrée. »

À une courte distance en voiture se trouve le cimetière Holt, qui est presque caché. Il s’agit d’un des seuls cimetières souterrains de La Nouvelle-Orléans et d’un endroit très populaire auprès des chasseurs de fantômes. Florence me raconte que « Ce n’est pas un lieu de repos pour les riches », ce qui explique pourquoi de nombreuses personnes qui ne pouvaient pas se permettre un tombeau sont enterrées dans le sol. Les emplacements funéraires sont souvent entourés de tuyaux en PVC ou de treillis peint et ornés d’affiches ludiques, d’animaux en peluche, d’instruments de musique ou même de masques. C’est autant un musée d’art qu’un cimetière.

Nous nous dirigeons vers l’ouest sur 1,5 kilomètre jusqu’au cimetière Metairie, à la sortie de l’Interstate 10 sur l’autoroute Pontchartrain. À l’origine, il s’agissait d’une piste de course hippique. Les cercles concentriques sont toujours visibles sur ce terrain d’une superficie de plus de 60 hectares, qu’il est préférable d’explorer en voiture. Selon la légende locale, Charles T. Howard, qui avait créé un scandale lorsqu’il s’était enrichi grâce à la corruption au sein de la Compagnie de Loterie de l’État de la Louisiane, s’est vu refuser l’accès au club privé Metairie Jockey Club. Plus tard, il a acheté les terrains de la piste de course pour se venger et son tombeau est fièrement placé en plein centre. De là, on dit qu’il hante le site encore aujourd’hui. (D’autres sources racontent que la piste avait éprouvé des problèmes financiers et avait été vendue à Howard.)

Parmi les tombeaux aux allures grandioses de manoir et les chênes qui surplombent le cimetière Metairie, on retrouve l’emplacement du tombeau de Josie Arlington, la célèbre tenancière de bordel de Storyville, le quartier de prostitution de La Nouvelle-Orléans au début du XXe siècle. Grâce à son succès, elle a pu se permettre un tombeau fastidieux et onéreux en granit rouge, devant lequel il y a une statue en bronze d’une femme qui touche une des portes en bronze. Des urnes identiques flanquent les portes. Après sa mort, la fortune d’Arlington a été épuisée et la tombe a été saisie. Ses restes humains ont ensuite été entreposés dans un charnier, dont l’emplacement est l’un des secrets les mieux gardés du cimetière. Par la suite, un lampadaire muni d’une ampoule rouge a été installé sur la rue en face du tombeau, et les visiteurs venaient pour voir la luminescence rouge qui baignait le tombeau d’Arlington. Les foules se réunissaient tous les soirs pour voir ce qu’on décrivait comme des flammes qui sortaient des urnes et la statue qui frappait à la porte en bronze.

En fin de compte, même avec son impressionnante connaissance des morts, Florence n’était pas en mesure de confirmer que ma maison était hantée. Nous avons cependant discuté d’un reportage sur un meurtre qui avait eu lieu en 1983 dans mon quartier. Selon les dires, la victime (qui avait été assassinée dans la baignoire!) habitait mon pâté de maisons. Alors, mes voisins ont peut-être raison de croire aux fantômes.

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